L'âge avançant, de nombreuses personnes âgées constatent une perte d’autonomie dans certains gestes quotidiens. Un bilan ergothérapique gériatrique a pour but de faire le point sur les capacités préservées de la personne âgée, de repérer les difficultés émergentes et d’anticiper les mesures à prendre pour préserver au maximum son indépendance. Le maintien à domicile en sécurité est souvent un enjeu central : l’ergothérapeute évalue donc à la fois la personne et son environnement pour proposer des solutions facilitant la vie à domicile.
L’objectif du bilan ergothérapie des personnes âgées est d’évaluer l’impact de vos problèmes de santé sur votre autonomie à la maisonet dans vos loisirs, afin de mettre en place les adaptations ou rééducations nécessaires.
Un bilan complet peut également être déterminant pour faire reconnaître vos besoins d’aménagement du domicile et pour appuyer un dossier MDPH en vue d’obtenir des aides ou une reconnaissance de handicap.
Karen Bernet, ergothérapeute libérale
En tant qu'ergothérapeute diplômée d’État située à Saulcet (Allier), chacun de mes bilans est mené avec minutie. « J’ai rarement lu un compte-rendu d’ergothérapie aussi complet et utile, qui m’a permis de comprendre très finement les limitations de mon patient », a témoigné un médecin neuropsychiatre de Nice après avoir reçu l’une de mes évaluations – soulignant la richesse et la précision du travail réalisé, au bénéfice de mon patient.
Toute personne âgée dont l’autonomie est perturbée par un trouble peut faire l’objet d’un bilan en ergothérapie. Par exemple :
Baisse d’autonomie liée à l’âge : Sans pathologie spécifique, le vieillissement peut s’accompagner d’un ralentissement moteur, d’une diminution de la force et de la vue, ou encore de troubles légers de la mémoire. Un bilan permettra d’évaluer les activités de la vie quotidienne (AVQ) que la personne accomplit avec difficulté : toilette, habillage, préparation des repas, gestion des courses, etc. Par exemple, l’ergothérapeute observera si la personne parvient à faire sa toilette seule en sécurité, à enfiler ses vêtements facilement, à utiliser les escaliers… Il mesurera éventuellement la vitesse de marche et la capacité à se lever d’une chaise (tests chronométrés simples) pour estimer le risque de chute. En évaluant ainsi l’indépendance dans les gestes de base, on peut identifier les points à travailler ou à compenser (par une aide humaine ou technique). Des échelles comme les ADL (Activities of Daily Living) et IADL (Instrumental ADL) sont parfois utilisées pour quantifier le niveau d’autonomie dans les tâches élémentaires et instrumentales.
Prévention des chutes et aménagement du domicile : Les chutes sont l’une des premières causes de perte d’autonomie chez les seniors. L’ergothérapeute peut réaliser un bilan de l’équilibre et des transferts pour évaluer la stabilité de la personne (par exemple, tests de station debout sur un pied, test de Tinetti pour l’équilibre statique et dynamique, “Time Up & Go” pour mesurer la capacité à se lever et marcher quelques mètres). En parallèle, il examinera attentivement le domicile : agencement de la salle de bain, hauteur du lit, éclairage, présence d’escaliers ou de tapis… Chaque pièce est passée en revue avec un œil expert pour détecter les risques et les améliorations possibles. Par exemple, installer un siège de douche et un sol antidérapant, ajouter une rampe dans le couloir, ou prévoir un monte-escalier peut considérablement sécuriser le maintien à domicile. Le bilan aboutira à une liste de préconisations d’aménagement du logement, priorisées en fonction de leur impact sur la sécurité et le confort de la personne. Souvent, de petits changements (éclairer davantage l’entrée, relever la hauteur d’un fauteuil) peuvent prévenir de grands accidents.
Maladies type Alzheimer ou Parkinson : En cas de maladie d’Alzheimer ou d’autres troubles neurocognitifs liés à l’âge, l’évaluation ergothérapique vise à identifier ce que la personne peut encore faire seule et ce avec quoi elle a besoin d’aide, afin de maintenir son autonomie le plus longtemps possible. Le bilan inclut une évaluation des fonctions cognitives (mémoire à court terme, orientation dans le temps et l’espace, capacité à exécuter une séquence d’actions...) ainsi qu’une observation des actes de la vie quotidienne (cuisiner, gérer ses papiers, etc.). L’ergothérapeute repérera par exemple si la personne oublie d’éteindre le gaz, ou si elle met ses vêtements dans le désordre, et proposera des stratégies compensatoires (afficher des consignes simples, utiliser des aide-mémoire visuels, simplifier la garde-robe…). Pour les maladies Parkinson ou apparentées, le bilan mêlera aspects moteurs (rigidité, tremblement, difficultés d’écriture ou de parole) et aspects cognitifs (attention, lenteur de pensée). Ici encore, l’objectif est double : aider le proche aidant en fournissant des conseils et aménagements (par exemple, des couverts ergonomiques anti-tremblement, un fauteuil releveur pour faciliter les transferts) et préserver la qualité de vie du patient (poursuivre des activités sociales, adapter la maison aux nouveaux besoins).
Entrée en établissement (EHPAD, USLD) : Lorsqu’une personne âgée intègre une maison de retraite ou une unité de soin de longue durée, un bilan ergothérapique initial peut être effectué pour évaluer son niveau de dépendance et guider l’équipe soignante dans la prise en charge. L’ergothérapeute va par exemple mesurer les capacités restantes pour les AVQ (toilette, alimentation, déplacements…) afin de déterminer quelles aides seront nécessaires (aide partielle à l’habillage, besoin d’une aide à la marche, etc.). Des échelles gériatriques standardisées (comme le GIR ou la grille AGGIR en France) peuvent être renseignées, même si celles-ci sont plus administratives. Le rôle de l’ergothérapeute sera également de veiller à ce que la personne dispose de matériel adapté dans sa nouvelle résidence : fauteuil confortable, coussin de prévention d’escarres, hauteur du lit adéquate, etc., pour assurer une installation optimale.
Cette liste n'est pas exhaustive, rassurez-vous si vous n'y retrouvez pas votre profil.
À l’issue d’un bilan gériatrique, un plan d’actions est proposé. Il peut comprendre de la rééducation (par exemple, exercices d’équilibre ou de motricité fine pour entretenir les capacités restantes), la fourniture d’aides techniques (un déambulateur ajusté, des ustensiles de cuisine adaptés, un calendrier électronique avec rappels), et bien sûr les aménagements du logement évoqués plus haut. L’ergothérapeute pourra également orienter la famille vers des services de soutien (téléassistance, auxiliaire de vie, accueil de jour) si nécessaire. Le compte-rendu détaillé pourra servir de base pour faire une demande d’aides financières (par exemple la Prestation de Compensation du Handicap via la MDPH, ou l’allocation APA pour l’aide à l’autonomie). Surtout, ce bilan offre à la personne âgée et à ses proches une vision claire de sa situation : connaître les points de vigilance, mais aussi prendre conscience de tout ce qui reste possible avec les bonnes adaptations. En ce sens, loin d’être anxiogène, un bilan ergothérapique bien conduit est souvent rassurant : il montre concrètement comment améliorer la sécurité et le confort au quotidien et il redonne au senior un rôle actif (en l’impliquant, ainsi que sa famille, dans les choix d’aménagements qui correspondent le mieux à ses habitudes de vie).
Le déroulement d’un bilan d'ergothérapie pour personne âgée dépend de la demande et de la situation. Chaque ergothérapeute peut avoir sa façon d’aborder l’évaluation, mais le bilan ergothérapique suit généralement plusieurs grandes étapes structurées. L’ensemble du processus peut s’étaler sur une ou plusieurs séances, selon la complexité de la situation et la fatigabilité de la personne évaluée. Voici les phases clés d’un bilan tel que pratiqué par Karen Bernet :
C’est un moment d’échange qui permet de mieux vous connaître (ou mieux connaître vos parents). L’ergothérapeute commence par discuter avec vous afin de comprendre votre quotidien, votre environnement et vos attentes. Je vais vous poser des questions sur les activités que vous arrivez à faire seul et celles qui posent problème, sur l’historique de vos troubles ou de votre maladie, et sur vos objectifs. Par exemple : « Qu’aimeriez-vous pouvoir faire plus facilement ? ». Cet entretien peut se faire au cabinet ou par téléphone en amont et dure généralement de 30 minutes à 1 heure. Cette étape est essentielle pour orienter la suite du bilan : elle donne déjà des indices à l’ergothérapeute et permet d’instaurer une relation de confiance.
Vient ensuite la phase de passation de tests standardisés et d’exercices pratiques. L’ergothérapeute dispose d’une véritable « boîte à outils » d’évaluation pour mesurer vos capacités de façon objective. Je choisirai les épreuves en fonction de votre âge et de vos difficultés : il peut s’agir de tests moteurs (par ex. dextérité manuelle, équilibre), de tests cognitifs (mémoire, attention, logique), de questionnaires sur vos habitudes de vie, et d’observations en situation (réaliser un geste du quotidien). Ces tests ont pour but de repérer précisément vos points forts et vos limites, afin de comprendre pourquoi telle activité vous pose problème. Sachez que ces évaluations sont étalonnées : vos résultats seront comparés à ceux de personnes du même profil (même tranche d’âge, par exemple), ce qui aide à détecter un retard ou un déficit significatif. En tant qu’ergothérapeute, je fais preuve de bienveillance pendant les tests et vous encourage à donner le meilleur de vous-même, mais sans pression inutile : ce qui m’intéresse, c’est autant le résultat chiffré que votre manière de vous y prendre et les stratégies que vous utilisez. Par exemple, si vous effectuez un dessin, je noterai si vous adoptez une prise en main inhabituelle du crayon, si vous hésitez sur la main à utiliser, etc.
Outils utilisés :
Parmi les outils d’évaluation couramment employés, on peut citer :
La MCRO (Mesure Canadienne du Rendement et de l’Engagement Occupationnel) qui aide à cibler avec vous vos priorités d’amélioration (ce test vous demande de noter l’importance de certaines activités et votre niveau de satisfaction actuel, afin de fixer des objectifs concrets)
L’évaluation des AVQ (Activités de la Vie Quotidienne) via des mises en situation ou des questionnaires, pour vérifier comment vous vous débrouillez dans les tâches courantes
L’AMPS (Assessment of Motor and Process Skills), un outil pointu où l’ergothérapeute vous observe en train de réaliser des activités de la vie réelle afin d’analyser vos habilités motrices et cognitives en contexte
Ou encore des tests spécifiques de motricité, de sensation ou de cognition selon les besoins (par ex. tests de praxies constructives, tests de mémoire visuelle, échelles d’équilibre comme Tinetti, etc.).
Tous ces outils sont des tests « normés » et « validés » scientifiquement – c’est-à-dire qu’ils permettent de situer vos performances par rapport à une population de référence, et qu’ils mesurent bien ce qu’ils prétendent mesurer. Ainsi, le bilan ergothérapique s’appuie sur des données fiables et comparables, et pas seulement sur une impression subjective.
Après la phase d’évaluation active, l’ergothérapeute analyse l’ensemble des informations recueillies. Je vais valider ou invalider mes hypothèses initiales en croisant vos résultats aux tests avec mes observations qualitatives. Par exemple, je peux constater que votre lenteur à l’habillage provient surtout de troubles de l’équilibre plutôt que d’un problème de mémoire de la séquence des gestes – ce qui orientera différemment les solutions.
Toute cette réflexion aboutit à la rédaction d’un compte-rendu de bilan détaillé. Ce document comprendra généralement :
un résumé de votre situation et du motif du bilan
la liste des tests effectués (avec éventuellement vos scores et leur signification – ne vous inquiétez pas, l’ergothérapeute explique ces chiffres souvent abscons : écart-type, percentiles...)
une description de vos capacités et difficultés dans les différents domaines (moteur, sensoriel, cognitif, autonomie quotidienne)
et surtout mes préconisations en tant qu’ergothérapeute. Celles-ci peuvent inclure des conseils pratiques, des aménagements, la nécessité de poursuivre en rééducation (ergothérapie ou autre profession), le besoin d’une aide humaine, etc.
La restitution du bilan peut se faire lors d’un rendez-vous dédié où l’ergothérapeute vous explique avec des mots simples ce qu’il a observé et quelles solutions il propose. C’est un moment d’échange où vous pourrez poser toutes vos questions pour bien « décrypter » le bilan. L’ergothérapeute s’assure que vous comprenez bien les résultats et le plan d’action envisagé : en effet, un bilan n’a de valeur que s’il débouche sur des actions concrètes qui font sens pour vous. Enfin, avec votre accord, le compte-rendu peut être transmis aux autres professionnels qui vous suivent (médecin traitant, spécialistes, enseignant référent, etc.), afin de coordonner les efforts de chacun autour de vos besoins.
En résumé, un bilan d’ergothérapie pour personne âgée se déroule un peu comme une enquête : l’ergothérapeute collecte des indices (entretiens, tests, observations) pour comprendre le « pourquoi » de vos difficultés, puis il synthétise tout cela dans un plan d’action concret (solutions « techniques » + accompagnement humain). C’est un processus collaboratif : vous êtes invité à m'exprimer vos préférences, vos priorités, et même vos réticences, de façon à ce que les solutions proposées s’intègrent au mieux dans votre vie quotidienne. C'est une co-construction entre vous et moi, en tenant compte de vos besoins – l’idée est que vous restiez acteur de votre autonomie tout au long du parcours.
Je vous invite à consulter cette section sur ma page "bilan ergothérapie".
NOUVEAU
Si vous hésitez sur la nécessité d’un bilan d’ergothérapie ou que vous souhaitez un premier avis professionnel sur votre situation, je propose une consultation téléphonique d’orientation. Il s’agit d’un entretien personnalisé de 1 heure par téléphone (ou visioconférence), au tarif de 60€.
🙂 Une autre question ? Contactez-moi à karen@ergotherapeute-allier.com